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LE SERGENT. — Des nouveaux ortes ? Pourquoi don des nouveaux ortes ?

BOUYOTE. — Bin, pour nous faire marcher au pas… Je suis dix ans plus vieux qu’ toi dans la garte-civique, èt c’est la première fois qu’ j’entends parler d’une affaire ainsi.

LE SERGENT. — Bin vous avez du front, vous, de m’nir sout’nir une pareille !

L’ANGUILLE FUMÉE. — C’est pourtant pour le bon… Avez-vous jamais entendu parler d’ marcher au pas à la garte-civique, vous-autes ?

TOUS QUATRE, l’air infiniment surpris, — Encore jamais… je n’ sé pas seul’ment qu’est-ce que ça veut dire… etc…

LE SERGENT. — C’est bon ! Si vous pensez vous moquer d’ moi, je f’ra mon rapport.

CRETON. — Pour moi, i-gn-a Makêye qui d’vient sot… S’on faisait sonner au docteur, don ?

BOUYOTE. — C’est la folîye des grandeurs, depuis qu’il a un grate… Quel dommâche, hein, un si beau grand garçon.

LE SERGENT. — Si vous n’ vous taisez pas tous les quate, je m’en vais app’ler l’ capitaine !

PID D’HAME. — Prends garte, Makêye ! Si tu fais jamais la racusette, j’ira dire à ta mère que t’as l’aute jour venu avec nous-autes chez Louisse d’en Bergerûwe… Tu sé bien qu’elle est capâpe de t’ ret’nir tes dimanges pendant tout un mois, hein, s’elle apprend jamais ’n’ pareille.

Le sergent rougit, pâlit, cruellement tiraillé entre le souci de sa dignité et la crainte de sa maman. Heureusement, juste à point pour ne pas l’obliger à une