Aller au contenu

Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
106
par un beau dimanche

vinrent dans une vaste grotte, au plafond de laquelle pendaient de grêles stalactites, vaguement éclairées par la lueur du jour qui suintait, tout là-bas, sous une énorme roche en forme de cintre surbaissé.

Hougnot jeta autour de lui un regard dédaigneux.

— Quel est l’idiot d’architecte qui a construit ça ? demanda-t-il enfin. On grimpe des escaliers à n’en plus finir, on croit qu’on va arriver au grenier, puis on se trouve dans la cave. C’est se moquer du monde, tout simplement !

— Ce château, expliqua le docteur, fut construit sur un terrain en pente raide. Cette grotte naturelle se creuse dans l’extrême sommet de la colline, et servit donc de cave au donjon, qui devait, selon la coutume, dominer les autres parties de la forteresse.

Mais Hougnot s’entêta.

— Je n’admets pas, déclara-t-il, qu’on me fasse, sous aucun prétexte, monter des escaliers pour descendre à la cave. Votre architecte est un idiot !

Marie et Joséphine s’extasiaient devant quelques menus fragments de grès vernissé, humbles débris de poteries qu’elles eussent, partout ailleurs, foulés d’un pied dédaigneux, mais qui prenaient à leurs yeux une importance extraordinaire pour avoir servi (peut-être), à des hommes vêtus autrement que nos contemporains.

Le docteur fit quelques pas dans la pénombre, puis baissa sa bougie vers un tas d’objets blanchâtres, dont la vue fit sursauter le trio Hougnot.

— Encore ! clama le père. Vous fourrez donc des squelettes dans tous les coins, aujourd’hui ?

— Ce sont des ossements de chevaux, expliqua le docteur. Les écuries en contenaient trois cents, affirme-t-on, et tout porte à croire que la garnison fut réduite à s’en nourrir, pendant le long