Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
par un beau dimanche

siège qui précéda la reddition et le démantèlement de la forteresse.

— Ah ! ce sont des os de bêtes qu’on a mangées… Il fallait le dire tout de suite, grommela Hougnot, soudain calmé.

Ses filles l’approuvèrent du regard. Car les inexorables nécessités de la subsistance s’imposent, à leur insu, aux natures les plus délicates, les plus raffinées ; et un fragment de côte cesse d’être répugnant à voir, comme chacun sait, du moment où il servit de manche à une côtelette.

Passant sous la roche en cintre surbaissé, on regagna le plein air, et chacun put s’amuser tout son saoul à railler les ridicules clignotements d’yeux des trois autres, tout éblouis par la clarté radieuse qui baignait une espèce de pré rectangulaire, parsemé de décombres, et clos par des murailles aux crêtes accidentées.

— La chapelle, dit enfin le docteur.

— Ça se voit tout de suite, approuva narquoisement Hougnot, à qui le grand jour rendait toute son insolence, sans rien lui enlever de sa mauvaise humeur. Puis il ajouta, en contemplant les quatre murs maussades qui bornaient l’horizon de toutes parts : Vous disiez vrai ; on jouit ici d’une vue vraiment superbe.

— Attendez que nous ayons atteint le sommet du donjon, riposta l’oncle Brusy. Pour cela, je vous en avertis, il faudra grimper encore, non plus des escaliers, mais des échelles.

— Ah non ! protesta l’autre. Si vous croyez que je vais user une paire de semelles toutes neuves pour pouvoir contempler vos tas de déblais !… Croyez-vous donc que les travaux de démolitions nous manquent, à la ville ?… Et là, du moins, on voit les ouvriers !… Aille qui veut se rompre le cou. Pour moi, je ne grimpe plus.

Rien ne put le contraindre à changer d’avis, malgré l’ardent désir de tout voir que manifes-