— Vous m’avez promis, déclara M. Hougnot, que nous rentrerions par un autre chemin que celui de l’aller. Si vous ne tenez pas votre promesse, vous êtes un trompeur, un menteur !
Contre cette injuste accusation, le docteur se rebiffa avec une véhémence proportionnée au trouble qu’il ressentait pour avoir menti naguère.
— Un menteur ! cria-t-il. Vous allez voir si je suis un menteur ! Venez, mesdemoiselles : Nous rentrerons par le plus long, puisque je l’ai promis !
Puis, dans le vent aigre et frais qui commençait à souffler par bouffées, il partit résolument, esclave farouche et niais de la parole donnée.
On n’avait pas fait deux cents mètres, que Hougnot, indigné, s’arrêtait et protestait déjà.
— Par où diable nous conduisez-vous ? grogna-t-il. Ce n’est pas une route, ça, c’est un lit de torrent !
— Il n’y a que deux chemins pour s’en retourner, riposta l’oncle. Vous n’avez pas voulu de l’autre, nous prenons celui-ci.
Et, sans pitié, il se remit à dévaler, à grandes enjambées, une espèce d’étroit ravin qui serpentait à travers bois, et où d’énormes galets roulaient sous les pas, dangereusement.
— Ce n’est pas une route ! répéta Hougnot. Il est impossible qu’on ait jamais nommé cela une route !
— C’est une route ! cria l’oncle Brusy. Pendant bien des siècles, ce fut même la plus belle et la plus large route du pays.
Puis, se calmant à mesure que sa chère érudition s’éveillait en lui, il continua, tout en soutenant d’une main ferme la marche chancelante de Marie :
— Vous croyez donc, vous autres, que le macadam exista de toute éternité ? Vous croyez