Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
par un beau dimanche

— Je suis un menteur ! ricana l’oncle. Nous n’aurons pas la pluie.

— Pardon ! protesta Hougnot. Je n’ai pas dit que vous étiez un menteur parce que vous prédisiez la pluie, mais parce que vous ne teniez pas votre promesse de nous ramener par un autre chemin qu’à l’aller. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, monsieur !

— J’ai déclaré qu’il pleuvrait ; vous avez alors affirmé qu’il ne pleuvrait pas. Donc, vous m’avez donné un démenti, monsieur !

— Mille pardons, monsieur ! J’ai exprimé une opinion contraire à la vôtre, mais ce n’est pas à ce sujet que je vous ai traité de menteur. Ce fut, comme je viens de vous le dire…

— Ce n’est guère le moment de vous quereller, opina Marie. Je crois qu’il est grand temps de gagner un abri. Vous en connaissez un, mon oncle ?

— Il y a la grotte de Pas-Bon, grommela le docteur. Je persiste à déclarer, monsieur…

Mais Marie l’empoigna par le bras et le fit pivoter sur les talons, tandis que Joséphine entraînait son père. L’oncle Brusy avançait sans mot dire, tête baissée. Soudain, laissant les autres gagner de l’avance, il arrêta Marie, se campa devant elle, dans une attitude qui promettait un long discours, et débuta en ces termes :

— Avez-vous déjà remarqué ceci, mon enfant ? La plupart de nos querelles ne sont, en fin de compte, que des querelles de mots, et nous différons d’avis sur la valeur des termes bien plus que sur la valeur des faits. Si chaque homme voulait consacrer le temps nécessaire à l’étude de la philologie…

— Sans doute, mon oncle… Est-elle bien loin, cette grotte ?

— Elle est par là, à gauche… Si nous attachions tous à un même mot une même signifi-