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Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/129

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par un beau dimanche

du Panthéon, M. Brusy articula, en montrant du doigt Hougnot et les deux jeunes filles :

— Amis… Amis de moi… Amis docteur… Sans hâte, le troglodyte planta son noir regard dans les yeux de chacun, tour à tour, pendant quelques secondes. Enfin, il inclina la tête, à trois reprises, et souffla d’une voix rauque et profonde, qu’il semblait arracher de sa gorge par un effort intense et malaisé :

— Bon… Bon… Bon…

— Vous êtes admis dans la grotte… Rien que des boules blanches… murmura furtivement l’oncle Brusy. Puis il reprit, en détachant les syllabes comme un professeur de la Berlitz-School :

— Pluie dehors… Mouillés… Sécher… Faire grand feu…

Le regard fixe du troglodyte buvait les paroles du docteur, une à une ; sur ses lèvres, dans ses yeux, avec l’attention anxieuse et forcenée du condamné qui entend lire son arrêt de mort. Brusquement, il tendit vers ses hôtes deux petites mains sèches et nerveuses, brunes et mal soignées, mais d’une élégance, d’une finesse singulières et inattendues chez un pareil rustre. Grave et minutieux comme un gabelou qui fouille des voyageurs suspects, il tâta les vêtements mouillés de chacun, regarda ses doigts humides, les renifla, les essuya sur sa blouse, puis, hochant la tête d’une épaule à l’autre ; éructa de sa voix profonde :

— Pas bon… Pas bon…

Après quoi, il plongea dans un coin de la grotte y farfouilla un instant, et reparut portant une brassée de bois mort, qu’il se mit à échafauder sur le feu avec une preste habileté de sauvage, brisant de grosses branches sur son genou, sans le moindre effort apparent.

— Nous pouvons nous installer et faire comme