Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
par un beau dimanche

Lourd de malaise et d’attente anxieuse, le silence dura, coupé seulement par le craquement des branches que Pas-Bon brisait à toute vitesse sur son genou.

Enfin, à travers le grondement de l’averse, on entendit de nouveau le bruit des pierres s’éboulant sur le talus. Puis la porte s’ouvrit et livra passage au docteur, nu-tête, humide et fangeux, aveuglé par la pluie qui dégoulinait sur sa face et sur ses lunettes. Il traînait derrière lui un être hagard et frissonnant, plus ruisselant d’eau, plus marbré de taches verdâtres que si l’on venait, à l’instant même, de le repêcher dans une mare aux grenouilles. Le sac qui lui couvrait la tête et les épaules semblait, pourtant, un peu moins mouillé que le reste de son costume.

M. Brusy voulut sourire, ricana de son air le plus idiot, et déclara adroitement :

— Je viens de rencontrer monsieur, par le plus grand des hasards…

Mais Hougnot avait bondi de son siège, et, désignant la porte du doigt, il proférait :

— Il n’y a pas de dates à vérifier ici !… Nous n’avons pas besoin d’archéologues !… Sortez, monsieur !… Sortez à l’instant !

— Mais il n’y a pas d’autre abri à proximité ! protesta l’oncle.

Hougnot ne daigna pas entendre.

— Sortez ! répéta-t-il. Sortez, vous dis-je !

Déjà, le simili-noyé exécutait un mouvement de retraite, en bredouillant une phrase dont on ne put comprendre que la fin : mille et mille pardons.

Mais le docteur étendit une main vers lui, l’autre vers Pas-Bon, et scanda de toutes ses forces :

— Ami… Ami à moi… Ami docteur… Mouillé… Très mouillé… Fort mouillé…

L’idiot s’approcha du nouveau venu, darda un