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était dénommé la « Salle de Bal ». En temps ordinaire, Séraphie, peu sensible aux beautés naturelles, remisait ses fagots dans ce noble et merveilleux décor.

Le vieux jardin se bleutait doucement sous un beau clair de lune, interrompu parfois par de grands nuages qui couraient dans le ciel, rapides et échevelés. Un silence infini berçait la quiétude des choses endormies et un robuste parfum, capiteux et sain, montait de la terre et des plantes revivifiées par l’averse.

Une forme féminine, petite et gracieuse, errait par les allées, choisissant de préférence celles qui longeaient la haie de clôture, s’arrêtant parfois pour tendre l’oreille ou scruter du regard l’obscurité de la campagne environnante.

Très loin, un éternuement sonna dans la nuit calme, puis, une minute plus tard, retentit de nouveau, beaucoup plus proche. L’ombre féminine, longeant la haie, se glissa du côté d’où venait le bruit, qu’elle entendit soudain éclater à quelques pas, violent et impétueux. Puis une voix sourde, enchifrenée, qui semblait passer à travers un mirliton, nasilla craintivement :

— Êtes-bous là, Barie ?

— Oui ! souffla la jeune fille… Est-ce bien vous, François ? Je ne reconnais pas le son de votre voix.

— Je be suis enrhubé, fort enrhubé, bafouilla le jeune homme… Atchoum !… Atchoum !

— Mais finissez donc ! Vous allez attirer tout le monde… Pas de bruit, je vous en supplie !

— Je ne beux bas be retenir… C’est tout à fait imbossible… Venez blus loin… Atchoum !

Longeant la haie, chacun de son côté, les deux amoureux gagnèrent le fond du jardin, lui essayant en vain de refréner les formidables éternuements qui le secouaient à chaque minute, elle