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par un beau dimanche

la nuit opaque, sentant frémir leurs mains toujours enlacées.

Soudain, à quelques pas d’eux, des branches craquèrent sur le sol et une voix aigre, furibonde, la voix du père tant redouté glapit dans les ténèbres :

— Je vous tiens, misérables !… Marie, où êtes-vous ?

— Atchoum ! répondit l’amoureux avec un incontestable à-propos.

Parmi les brindilles sèches et craquantes, les pas hésitants de Hougnot se rapprochaient.

— Marie, où êtes-vous ? répéta-t-il… Inutile de fuir, inutile de nier… J’ai entendu vos voix, j’ai entendu vos baisers, misérables !

Sur quoi, le père furibond, ayant donné du nez dans le tas de fagots, poussa une exclamation douloureuse qui n’avait rien de majestueux. Un formidable éternuement lui répondit. Puis la jeune fille, doucement, tira ses mains de celles qui les enserraient.

Hougnot se rapprochait peu à peu. Ses bras battaient l’air autour de lui. Et Marie, toujours immobile, sentit tout à coup des doigts secs et noueux l’effleurer, puis la palper, la saisir, la secouer férocement.

— Je vous tiens, fille infâme ! Je vous tiens ! glapit la voix aigre et furieuse… Pourquoi ne répondiez-vous pas, misérable ?… Quant à vous, monsieur, vous aurez de mes nouvelles !… Je vous promets… Je ne sais pas ce que je vous promets !

À cette noble affirmation, une voix nasillarde répondit dans l’ombre :

— Bonsieur, je vous debande bille et bille bardons… Atchoum !

— Allez-vous en, monsieur ! reprit Hougnot… Allez-vous en bien vite ou je ne réponds pas de moi !