Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/168

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— Qu’y a-t-il ?… Qu’a-t-elle fait ? demanda enfin le docteur.

— Ma fille m’a déshonoré… Ma fille a un amoureux ! clama le malheureux père en se laissant tomber sur une chaise.

— Je ne t’ai pas déshonoré ! Je n’ai rien fait de mal ! protesta Marie à travers ses sanglots..

— Un homme vous a embrassée à plusieurs reprises !… Je suis déshonoré ! répéta Hougnot, qui semblait d’autant plus tenir à être déshonoré par autrui qu’il avait eu souvent à se défendre contre l’imputation de s’être déshonoré lui-même.

— François ne demande qu’à m’épouser, expliqua la jeune fille… Nous nous sommes embrassés comme deux fiancés peuvent le faire… Il n’y a aucun mal à cela !

— Je suis déshonoré, je ne sors pas de là ! riposta le père en abattant son poing sur la table.

Les paysans et le couple Vireux approuvèrent du regard. Car, du moment où ça ne coûte rien, on aime bien mieux voir un homme déshonoré que de ne rien voir du tout.

— Père, murmura Joséphine, puisqu’il s’agit d’un mariage…

— Il ne s’agit pas d’un mariage ! protesta Hougnot… Il ne peut s’agir d’un mariage !… Vous voudriez donc que je donne ma fille à un menteur, à un imposteur, à un homme qui ose se dire archéologue alors qu’il ne l’est pas, à un homme qui ose tenter, en plein jour, de s’introduire dans une maison par la fenêtre du premier étage !… Je connais mes devoirs de père !… Jamais je ne donnerai ma fille à un homme semblable !

— C’est donc une espèce de cambrioleur professionnel ? demanda gentiment M. Vireux, toujours enclin à voir tout en rose.

— Voilà ! clama Hougnot… Voilà ce qu’on dit de ce monsieur !… Et vous voudriez que je lui donne ma fille !… Plutôt la mort !