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Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/169

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par un beau dimanche

— Le mot cambrioleur me paraît excessif, opina l’oncle Brusy… Il me semble que…

— Un homme qui veut me ravir ma fille à mon insu, malgré moi, est cent fois plus coupable qu’un cambrioleur ! hurla le père irrité et content de l’être… Donc, ce mariage ne se fera pas !… Je ne veux pas qu’il se fasse !… S’il devait se faire un jour, malgré ma défense, je déclare que ce serait le signal de ma mort, car je me suiciderais ou je mourrais de chagrin !… Maintenant, assez sur ce sujet !… Vous savez que les émotions me font du tort et c’est nuire à ma santé, c’est attenter à ma vie que de m’en créer de semblables !… Je désire, j’ordonne qu’il ne soit plus jamais question de cela !… Jamais, au grand jamais !… Marie, vous allez me jurer sur-le-champ que vous renoncez à ce mariage absurde !

— Je ne ferai pas cette promesse ! dit Marie.

— Il ne suffit pas qu’elle me déshonore, râla Hougnot, il faut encore qu’elle me tue !

Et, jouant le grand jeu, il se laissa aller sur le dossier de sa chaise, les yeux mi-clos, en bégayant :

— Je ne me sens pas bien… Joséphine, passez-moi votre flacon de sels…

Joséphine et Mme Vireux se précipitèrent à son secours. Le docteur haussa légèrement les épaules, puis se leva, non pour aller vers le prétendu malade, mais vers Marie.

— Voyons, mon enfant, murmura-t-il… ne pleurez plus, je vous en prie… Je voudrais tant vous consoler… Mais je ne sais que vous dire… Séchez vos larmes… Qu’est-ce que les larmes, après tout ?… Au point de vue chimique, leur composition est des plus simples : on y trouve…

Mais, s’arrêtant soudain, il ne poussa pas plus avant cet ingénieux système de consolation.