Aller au contenu

Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
182
par un beau dimanche

— Dites tout, mon oncle, murmura-t-elle… Dites la vérité…

— La vérité ?… Quelle vérité ? cria le père en bondissant de son fauteuil… J’espère que vous n’avez pas eu l’audace de me mentir, monsieur !… J’espère que vous n’avez pas osé vous railler de moi !

L’oncle Brusy baissa la tête, sans répondre.

— Mais dites-la donc, la vérité ! reprit l’autre. Dites-la donc, puisqu’on vous y invite !… Qu’y a-t-il ?… Vous m’avez menti ?

— Je vous ai menti, avoua le docteur, pourpre de honte.

— En quoi, monsieur ?… En quoi ?

— Personne ne m’a proposé d’acheter la maison… J’ai dit cela pour gagner du temps, pour ne pas vendre.

Puis l’infâme menteur regarda tour à tour les assistants, ceux-là qu’il avait surpris, tant de fois, en flagrant délit de mensonge. Tous les visages se détournèrent, chargés de muette réprobation. Car il avouait, lui, et eux n’avouaient jamais.

Contre toute attente, Hougnot ne s’emporta pas. Les yeux fixés au sol, de grosses rides amoncelées sur son front étroit et court, il réfléchit, longtemps, longtemps.

— Alors, dit-il enfin, quand nous vendrons la maison, comme c’est convenu, je n’aurai que vingt-cinq mille francs pour « ma » part ?

— Sans doute, s’il n’y a pas de surenchère, avoua le vieil oncle. Il y aura vingt-cinq mille francs pour Marie, vingt-cinq mille francs pour moi.

— Et vous n’avez pas réfléchi au tort que vous me faisiez en mentant avec une pareille audace, en me promettant cinquante mille francs, en m’autorisant à compter dessus ?… Vous n’avez pas compris que j’allais partir de