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Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/184

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Alors, celui-ci se passa la main dans les cheveux, d’un air de terrible résolution, rectifia farouchement le nœud de sa cravate, s’avança vers Hougnot, et, du ton dont il eût jeté une sanglante insulte, lui cria au visage :

— Bonsieur, j’ai l’honneur de vous debander la bain de votre fille, badeboiselle Barie !

— Fichez-moi la paix ! répondit le père… Vous osez choisir un pareil moment…

— Ça ne beut blus durer ! affirma le jeune homme… J’ai l’honneur de vous debander la bain de votre fille, badeboiselle Barie… Bour le brésent, bes ressources sont bodestes, bais suffisantes… Bour l’avenir bes batrons sont contents de boi, et je…

— Vous n’aurez pas ma fille !… Je ne veux pas vous la donner ! interrompit Hougnot.

— Père, je t’en supplie ! gémit doucement la malade.

— Elle est hors de danger ? demanda le père au docteur.

— Je le crois, répondit celui-ci.

— Alors, on peut parler carrément : Ce jeune homme ne me convient en aucune façon. Je lui refuse la main de ma fille !

— Mon oncle… Vendons la maison, mon oncle… souffla doucement Marie.

— Vendre la maison ?… Mais c’est une affaire convenue, entendue ! déclara Hougnot d’un air indigné. En quoi cela peut-il modifier ma résolution ?… J’y compte bien, qu’on vendra la maison !… Il ne manquerait plus que cela, qu’on ne vendît pas la maison !… Et je défends, entendez-vous, qu’on la lâche à moins de cent mille francs !… Mais ce n’est fichtre pas une raison, parce que « ma » part sera de cinquante mille francs, pour que je donne ma fille à ce paltoquet, à ce sans-le-sou !

Doucement, Marie pressa dans les siennes les mains du docteur.