creusé dans le remblai de la grand’ route, puis se balança gaîment dans les ténèbres. Et la voix lointaine disait : « Bon… Bon… »
Le vieux docteur gagna, à son tour, le large et facile chemin qui allait le conduire, en quelques minutes, à sa paisible demeure baignée dans le parfum des roses. La nuit devenait moins noire. Une clarté laiteuse, très douce et très vague, tombait du zénith sur la soie grise du brouillard dansant au-dessus des prairies, sur le velours sombre des grands bois endormis. À l’horizon, une étoile scintilla, indécise et tremblante, annonciatrice d’une nuit pure et sereine.
D’un pas allègre, M. Brusy se remit en marche, sur la route unie et sonore, vers le but modeste et certain. Une grande douceur, une allégresse infinie emplissaient son âme. Confus de posséder un si grand bonheur, il songea, avec un hochement de tête apitoyé, à tout le mal qu’allaient se faire l’un à l’autre, et plus que jamais, ceux qui venaient de le dépouiller de son bien.
— Les pauvres gens ! murmura-t-il.
Devant lui, la petite lueur dansait, alerte et joyeuse, et la voix lointaine fredonnait gaîment, sur l’air que chantent les cloches du village, aux jours de grandes fêtes : « Bon, bon !… Bon, bon !… »