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par un beau dimanche

radieux. Joséphine poussait un gros soupir, puis souriait aussi, mais d’un seul côté de la figure, et prenait un petit air détaché qui semblait dire :

— Si je voulais, ils seraient deux… Mais je ne veux pas ! C’est moi seule qui ne veux pas.

À l’avant-garde, M.  Hougnot disait à son beau-frère, en s’engageant derrière lui dans un étroit sentier en pente raide :

— Mon cher Pascal, je vous apporte les trois cent soixante-quinze francs de votre trimestre. Ils sont là, dans mon portefeuille, et je vous les remettrai, sitôt arrivé chez vous, contre un reçu en bonne et due forme. J’espère que, contre votre habitude, vous ferez bon usage de cette somme.

Il avait, en parlant ainsi, un petit ton si évidemment protecteur, que M.  Brusy dut faire un effort mental pour se rappeler que son beau-frère ne lui faisait pas cadeau de cet argent, et qu’il s’agissait bien de sa part dans le loyer d’une maison qu’il avait héritée de ses parents, de part à demi avec sa défunte sœur Françoise, mère de Marie et seconde épouse de Walthère Hougnot. Cependant, l’autre continuait :

— Si vous n’étiez pas le plus timoré des hommes, mon cher Pascal, si vous aviez un peu plus de confiance en mes facultés commerciales, ce n’est pas trois cent soixante-quinze francs, mais deux ou trois mille francs que je vous remettrais chaque trimestre.

M.  Brusy ouvrit la bouche pour répondre ; mais, avant d’avoir soufflé mot, baissa la tête et rougit comme un coupable. Car il avait failli parler, le malheureux, des cinq mille francs autrefois prêtés par lui à son beau-frère, pour lancer une entreprise splendide, de tout repos, et dont il n’avait jamais revu un centime. Or, chaque fois que l’on osait risquer une allusion quelconque à ce qu’il nommait les incidents