Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/142

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trouvait maintenant que ses toilettes n’étaient pas assez riches, que les chambres étaient insupportables ; elle avait hâte que l’oncle Cosma en finît avec le père, pour qu’elle pût rentrer dans sa maison et dans sa fortune, devenir une dame élégante, et recevoir, non pas des moussafirs, mais des Nazim-Effendi ! La pauvrette !

Une semaine de suite, nous fréquentâmes la cabine du Turc, dansâmes et nous amusâmes. Nous devînmes familiers et sans gêne. Kyra jurait que « ça, c’était un vrai père ! » Il sortait de ses coffres de splendides toilettes d’odalisques et les étalait devant nos yeux ravis ; un jour, il l’en habilla même. Elle était une vraie odalisque, comme celles des portraits ! Pour que je ne fusse pas jaloux, il s’occupa de moi aussi et m’habilla en turc avec fez, chalvar[1], et pistolet à la ceinture brodée. Ainsi parés, nous n’étions pas loin de demander qu’on levât l’ancre et qu’on mît à la voile.

C’est ce qu’il fit ; mais pour nous berner mieux, il nous déshabilla, renferma les vêtements dans ses coffres et, ce soir-là encore, nous renvoya, l’eau à la bouche.

  1. Pantalon large.