Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/164

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charbons sur laquelle il y avait de petits morceaux de viande enfilés à la broche. Le fez sur la nuque, la chemise entre-ouverte, laissant voir une poitrine bronzée et poilue, le marchand tournait, pirouettait, roulait les yeux et criait aux passants :

« Kébab !.. Kébab !.. »

J’entrai dans la boutique, où il n’y avait personne, et je demandai du pain et du kébab. Sur une table sale en bois, je dévorai environ une demi-livre de pain, trois petites broches de viande, et je bus de l’eau. Puis, sortant une poignée de pièces d’or, d’argent et de cuivre, je lui offris à choisir la monnaie :

« Prenez là-dedans ce que coûte le repas, » dis-je. Le marchand se cabra, me toisa, jeta des coups d’œil furtifs vers la porte et, audacieusement, prit une livre en or et la mit vite dans le kémir. En sortant, je me disais :

« Un des deux : ou un repas coûte beaucoup plus cher que toute une journée de course à cheval, ou bien ce voyou n’a pas peur que mon « puissant père ait le droit » de lui couper la tête ! »

Inquiet et désireux de trouver l’homme aimable qui se mettrait généreusement à mon service, je me dirigeai tout droit vers le plus grand café de la place. Je pensais :