Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/165

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« Il est plus intelligent de s’adresser aux grands, aux nobles : ils n’ont pas besoin de me voler, ils n’ont pas peur de ma parure ni de mon or. »

Mon raisonnement fut exact. Mais avant d’entrer, j’allai poser mon pied sur la boîte d’un cireur de bottines, ainsi que j’avais vu faire à un tas de gens qui avaient les souliers crottés comme les miens. Et, cette fois-ci, je fus malin : je regardai bien quelle pièce jetaient les autres au cireur ; comme eux, je donnai la plus petite, un métélik. Puis, brillant de propreté, j’entrai.

Un vacarme affreux de voix, de dés et de rondelles de jaquet m’abasourdit. Presque point de place libre aux tables, où tout le monde jouait quelque jeu ; en effet, il n’y avait ici que des grands, des nobles, civils et militaires. Je passai parmi les tables, je repassai ; personne ne fit attention à moi et à ma riche tenue ; pas même les garçons.

« Comme c’est agréable, » pensai-je, « de n’avoir à faire qu’aux gens de bonne éducation ! On est bien plus à son aise que parmi les mesquins[1] ».

Et trouvant une place libre près de deux joueurs d’échecs, je la pris et commandai

  1. Pauvre, en arabe.