Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/169

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L’extrême délicatesse du bey y contribua beaucoup. Il n’avait rien de la sournoiserie de Nazim. Charmant, irrésistible, poli et familier tant que mon espoir dura ; je n’aurais rien à lui reprocher aujourd’hui, — pas même son impuissance à satisfaire mon impossible désir — si, dès que mon espoir fut tombé, il m’avait mis tout simplement à la porte. Mais si tyrannique est la passion des Orientaux, qu’elle falsifie les cœurs les plus généreux et les pousse, — les uns par la malice, les autres par la violence, — aux mêmes scélératesses.

Moustapha-bey connut mon histoire bien plus facilement que d’autres ne l’ont connue depuis. Je suis convaincu que cet homme en fut sincèrement touché, car plus d’une fois il eut les yeux humectés pendant mon récit.

Il me promit de faire tout son possible :

« Si votre mère se trouve à Constantinople, » me dit-il, en me caressant les mains, « je le saurai par les hôpitaux et par la police. Quant à Kyra, j’enverrai des entremetteuses, subtiles comme l’éther et rusées comme le renard, fouiller les harems les plus surveillés. Si on la découvre, je garantis son évasion ; à prix d’or on obtient tout ce qu’on veut en Turquie. »