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Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/168

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« Il faut d’abord mettre cet enfant à son aise ; sortons de ce café. »

Dehors, il héla un fiacre, et nous montâmes tous les trois.

Six mois de douces espérances et de cruelles déceptions, de liberté relative et de vie opulente, suivirent ce second et dernier contact avec la générosité des grands qui parlent un langage exquis.

En descendant à la porte de Moustapha-bey, l’officier prit congé de son ami. Pour moi, il n’eut qu’un regard sévère et méprisant, et je ne revis plus cet homme que plusieurs années plus tard, dans des circonstances qu’on connaîtra. Je le jugeai durement, et dans mon enthousiasme puéril je dis au bey :

« Il est fier, votre ami…

— Oui, il est un peu fier, mais il est bon. »

(Il parlait de bonté, Moustapha-bey !)

La maison était une vaste villa située en dehors et au sud de la ville. Le grand parc qui l’entourait descendait jusqu’au Bosphore. Maison silencieuse, gémissant de richesses et remplie de domestiques invisibles, muets comme les tombes. Mais l’atmosphère d’intimité qui règne dans toute habitation orientale me rendit confiant.