bravade. Et des caresses ! Et des baisers !
Mais je m’aperçus qu’elle me tripotait un peu trop et je rougis.
« Tu sais, mon poulot ? » dit-elle. « Tu n’es bon à rien ! À ton âge ! »
Et pour me mettre à l’aise, elle changea de question :
« Tu es raïa ?[1]
— Je ne sais pas…
— Cependant ! Quels papiers as-tu ?
— Je n’ai pas de papiers.
— Comment ? Tu voyages en Turquie sans papiers ? Mais ça c’est très imprudent, mon ami : tu pourrais te faire arrêter ! »
Je fus terrifié. On m’aurait dit que la police de Moustapha-bey était à la porte, je ne l’aurais pas été davantage.
Je la priai de se taire. Elle me promit sa protection. De nouveau une protection ! Quel blasphème ! Il n’y avait donc pas moyen, nulle part, de vivre librement, sans protection ?…
Et les idées noires me reprirent. Elle caressait mes doigts :
« Comme tu as de jolies bagues ! Tu ne m’en offres pas une ? »
Je ne pus, naturellement, pas refuser une bague à ma protectrice.
- ↑ Sujet turc.