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Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/203

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ver ma sœur ? Et comment ferais-je pour gagner ma vie, le jour où mon argent serait dépensé ?

En outre, je n’avais pas de papiers. Autre histoire grave. Je pouvais me faire arrêter. Qui me tirerait de prison ?

Dans la cour de l’auberge, autour d’une fontaine fleurie, du monde bavardait assis à la turque, fumait, buvait une eau-de-vie laiteuse et semblait heureux. Ces gens étaient chez eux. Ils se connaissaient, s’entr’aidaient, avaient des joies et des douleurs communes. Et moi ? Qu’étais-je pour eux ? Un inconnu. Qui entre dans la chambre où un inconnu meurt, (meurt de maladie ou de tristesse), pour lui demander si son cœur désire quelque chose ?

Instinctivement, je portai la main au Kémir, où j’avais mon or, mon seul ami ! Mais l’or est un ami qui s’en va sans regret, sans peine, traîtreusement, et je ne savais pas par quel moyen on le fait rentrer dans le Kémir. Autre chose était une Kyra ! Elle ne m’aurait quitté pour rien au monde. Nous étions inséparables. Y avait-il une autre Kyra dans tout ce monde qui remplit les villes et les villages ? Peut-être. Mais elles avaient leurs Dragomir, et, pour elles, j’étais un inconnu qui passe, que l’on regarde par curiosité et que l’on oublie.