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Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/209

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dormait dans l’autre lit lui aura volé son Kémir en guise de remerciement pour avoir bamboché hier ! »

Et comme je voulais tout le temps me tenir debout et marcher, il m’obligea à rester assis sur une chaise, crucifié par ma douleur, les mains ballantes ; il essaya de me consoler :

« Bon… c’est un malheur… On t’a volé tes sous. Mais il ne faut pas te tuer pour cela ! Tu ne seras pas plus avancé… Combien de tschérèks avais-tu ?

— Le Kémir… » répétai-je.

« Ça y est ! Ce garçon ne saura plus prononcer autre chose que « le Kémir ». »

En disant cela, l’aubergiste monta dans ma chambre et revint avec mes vêtements :

« Allons, habille-toi ! »

Je me laissai faire comme un paralytique, et il m’habilla des pieds à la tête. Puis, me fouillant les poches, il en tira le papier d’identité et l’argent :

« Tiens ! » s’écria-t-il ; « tu n’es pas si pauvre que ça ! Tu as trois mégdédies… Et tu t’appelles Stavro. Eh bien, Stavro, on ne meurt pas de faim avec cet argent. Quel travail sais-tu faire ? »

— Le Kémir

— Oôô !… Sacré Kémir !… » hurla-t-il,