Aller au contenu

Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

richement meublée, où il n’y avait personne… J’attendis, le cœur battant, sur le haut de l’échelle, espérant toujours voir des femmes passer sous mon regard.

Soudain, la marche sur laquelle j’étais assis craqua et je faillis tomber. Glacé de peur, je restai accroché tant bien que mal, quand une brusque et violente secousse vint me mettre à l’aise… L’échelle me fut arrachée, je tombai dans les bras d’un cavas, qui, sans dire un mot, m’assomma de coups de poings !

Je fus ligoté, mis dans une charrette à âne et conduit, sur-le-champ, à Damas, où je fus jeté en prison préventive.

Les prisons préventives, dans la Turquie de ce temps-là, étaient de vraies oubliettes pour les sujets ottomans. Le malheureux qui y entrait, surtout pour des délits aussi graves que le mien, ne savait jamais quand il serait jugé, à moins qu’une personne influente ne courût, avec des cadeaux, implorer la grâce d’un potentat. Mais ce dont il avait le plus à souffrir, ce n’était pas tant de la perte de sa liberté que de l’horrible existence qu’il menait dedans, tout particulièrement quand le prisonnier était un homme jeune.

Dans ma cellule, nous étions une dizaine.