Aller au contenu

Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’Adrien qui n’y comprenait mot. Sur une réplique sérieuse de Mikhaïl, il vit Kir Nicolas lever les épaules et Stavro se calmer, mais s’écrier aussitôt, en un grec parfait :

« Ne vous en faites pas pour ce que sa mère dira, ô « pédia-mou », (mes enfants) !… Si j’avais dû me conformer à la vie de ma mère, moi, voici cinquante ans, je n’aurais jamais su de quelle façon se lève et se couche le soleil au delà du fossé qui entourait jadis notre belle cité de Braïla ; — voyez-vous, mes amis, les mères sont toutes les mêmes : elles veulent faire revivre sous la peau de leurs enfants leurs pauvres petits plaisirs ainsi que leurs ennuis sans charmes. Et puis, dites-moi, en quoi sommes-nous fautifs si nous sommes tels qu’on nous a créés ? N’est-ce pas, Adrien ? »

Mikhaïl intervint à nouveau, également, en grec :

« En cela, vous avez raison, monsieur, mais nous ne connaissons pas la mère d’Adrien ; nous pouvons avoir à faire à une douloureuse exception. Moi, je vous propose d’envoyer Adrien demander son consentement ; s’il l’obtient, je serai le premier à m’en réjouir. Mais sans l’acquiescement de sa mère et contre sa volonté, eh bien, je refuse, moi, d’aller à la foire. »