Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/40

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à celle de l’oncle Anghel, où l’on mange, l’on boit, l’on fume, où l’on dit des choses bonnes et mauvaises, selon les hommes, selon les âges, et « selon la qualité du vin ».

Stavro fut bref :

« Mangeons bien, mais ne nous attardons pas à bavarder. On va maintenant faire halte jusqu’à l’aube, et on repartira. Le plus dur est fait. Demain matin, le corps et l’esprit reposés, on se racontera des histoires en longeant la rivière et on regardera le soleil se lever droit dans les yeux du cheval : il fera beau demain. »

On leur servit une douzaine d’œufs brouillés, du lard fumé, du fromage, et un vin « à vous faire lancer votre chapeau par la fenêtre ».

En trinquant avec Stavro, l’aubergiste lui dit :

« Tu vas bien à la foire de S… ? »

L’autre approuva de la tête ; son interlocuteur se mit à le plaisanter :

« C’est toujours avec de la saccharine à la place de sucre, et de l’acide citrique au lieu de citrons, que tu prépares ta limonade ? »

Stavro le regarda dans les yeux et continua à mâcher sa bouchée ; puis, il répondit :

« Et toi, espèce de c…, » c’est toujours