Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/41

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avec de l’alcool et de l’eau de la fontaine, que tu prépares des eaux-de-vie à empoisonner le paysan et à t’arrondir le magot ? »

Adrien, étonné, intervint :

« Mais, Stavro, je t’ai vu acheter du sucre et des citrons ; ce n’était pas pour faire de la limonade ?…

— Non, mon ami, c’est de la poudre aux yeux des soifards ! » répondit Stavro. Et il ajouta en grec :

« Tu vois bien encore que je suis malhonnête ! Et ça ce n’est rien : je peux l’être davantage. »

Mikhaïl et Adrien échangèrent un regard intelligent, et les yeux du premier répondirent aux yeux interrogatifs du second :

« Il y a quelque chose de caché là-dessous. »

Les trois hommes se levèrent. Le patron prit une boîte d’allumettes et une bougie, et les conduisit au grenier. L’étage supérieur était à moitié rempli de foin. Là, sur le plancher, ils étendirent une énorme « rogojina » (natte), sur laquelle tous les trois se jetèrent habillés, l’estomac lourd, un peu étourdis par le vin et la fatigue.

« Si vous fumez, faites attention au feu, » leur dit l’aubergiste en les quittant ; il emporta la bougie, et les allumettes. Cinq minutes après tous les trois dormaient.