Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/43

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d’une voix étranglée mais assez sonore :

« Tu cherches ma blague, Stavro ? »

La demande résonna dans la nuit calme comme sous une coupole. Sursautant, le limonadier lui attrapa le bras et lui chuchota à l’oreille, tremblant d’émotion :

« Tais-toi !…

— Mais qu’est-ce que tu voulais donc ?… C’est toi qui m’as embrassé tout à l’heure ? » reprit Adrien, de plus en plus épouvanté.

« Tais-toi !… Ne crie pas ! » lui souffla l’autre, lui tenaillant le bras. Quelques instants de silence et de frayeur s’ensuivirent, quand, tout d’un coup, on entendit la voix parfaitement réveillée de Mikhaïl parlant doucement en turc, posant brièvement une question à Stavro. Celui-ci parut ne pas vouloir répondre ; puis, il prononça quelques mots. Mikhaïl revint à la charge avec une nouvelle interrogation. Stavro lui répliqua plus longuement. Et de nouveau le premier l’interrogea avec plus de vigueur ; à quoi le dernier répondit sèchement. Mikhaïl paraissait réfléchir, se tut un bon moment ; mais voilà qu’il se souleva sur un coude et ayant l’air de regarder Stavro dans les yeux, il lui parla calmement pendant une minute, sans interroger. À cela, l’autre riposta brutalement, lui coupant la parole. Alors se passa quel-