Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/54

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passer le dimanche en famille — rigolaient comme des idiots et me suffoquaient avec leurs questions d’affaires, toujours d’affaires. Pour mettre à l’épreuve mon honnêteté, il ne trouvèrent rien de plus intelligent que de me demander une fois une somme d’argent ; une autre fois, de m’en confier une. Je les satisfis dans les deux cas, en me disant que, sûrement, la bêtise et l’argent doivent être frères jumeaux. Donc, ces trois-là ne différaient pas beaucoup.

« La vieille, sœur de la défunte, ne riait pas, et pleurait encore moins. En échange elle me tracassait souvent sur mes affaires présentes. Quelque temps je détournai ses questions ; elle me suspecta. Puis, fort de la confiance des trois gogos, je répondis longuement que mes affaires allaient mal depuis deux ans, faute d’un capital important. Là, encore, je ne mentais qu’à moitié, car, c’était vrai ; si j’avais pu disposer d’une forte somme !… Le meilleur commerce de cette époque était la cuivrerie étrangère. La réponse colla, vu que je n’avais jamais dit que j’étais riche.

« Mais la joie de mon cœur était l’attachement de la belle Tincoutza. Elle était la seule qui me comprît et m’aimât, la seule qui me fît tenir bon et espérer, dans cette maison de désespoir.