Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/61

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veillance des hommes et le concours des circonstances. Ni les premiers ni les secondes n’ont accepté de sauver un homme. Les dernières ont fait de moi un homme pauvre, tandis que les premiers ne voyaient autre chose que leur égoïsme. Le résultat a été que nous nous sommes cassé la tête sur un mur ; mais le plus à plaindre a été moi.

« Je n’aurais pas voulu demander la main de Tincoutza avant d’être certain qu’un commencement de guérison se fît sentir dans ma nature ; mais un autre prétendant prit les devants et mit en danger ma situation. L’intéressée cria haut qu’elle ne voulait pas se marier avec un autre que moi ; alors le père me demanda ce que j’en pensais.

« Ce que je pensais ? L’idée seule du mariage me jetait dans toutes les terreurs de l’enfer !… Je ne pus rien répondre… Je fus évasif, confus… Tincoutza, offensée dans son orgueil, versa des larmes qui m’arrachèrent les entrailles. Le père attribua ma confusion à ce que je n’étais pas « un homme riche », et me consola en me disant :

« Vous le serez un jour en travaillant ici ! »

« Avez-vous entendu ? Ils croyaient que c’était la fortune que je cherchais dans leur maison.