« Une forte fièvre me fit délirer pendant vingt-quatre heures ; je restai malade quinze jours. Je ne sais pas ce que j’avais dit pendant mon état d’inconscience, mais je sais que peu nombreux furent ceux qui vinrent me visiter. À ma guérison, je me trouvai dans un monde ennemi. Mon beau-père et la tante me demandèrent des explications sur la honte que je venais d’infliger à leur maison. Je me sauvai provisoirement en prétextant que j’étais lié[1]. Ils n’eurent aucune pitié de moi, et me détestèrent encore plus.
« À partir de ce moment, et pendant dix mois, haine et hostilité se dressèrent devant moi. On me tint à l’écart de toute affaire ; on ne voulut me confier aucune entreprise ; on garda l’argent constamment renfermé, comme si j’étais un voleur. Par mes propres moyens je ne pouvais rien entreprendre, — sauf redevenir salepgdi, — car mon argent, je l’avais dépensé presque tout en cadeaux de noce. Et alors commença cette vie terrible qui m’effraie encore aujourd’hui.
- ↑ Préjugé populaire qui croit la sorcellerie capable d’enlever à un homme sa virilité.