Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/77

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mais ce fut certainement dans un de ces passages par la boutique que je fus reconnu par l’œil traître que le vieux avait caché derrière quelque porte et qui me démasqua !…

Le soir de ce dernier dimanche que je vécus dans cette maison, — en rentrant, les yeux remplis de la majesté du Danube qui promenait ses énormes glaçons — j’embrassai pour la dernière fois celle qui fut pendant dix mois la plus tendre des épouses et la plus pure des vierges.

« Nous étions calmes… Mais en descendant pour dîner, une tragique pesanteur nous allongeait les figures et nous tenait au seuil des larmes. Elle demanda, vers la fin du repas :

« Pourquoi les frères ne sont pas là ?

— Ils vont venir tout à l’heure, » répondit le père.

« Nous allumâmes les narguilés et bûmes le café turc. Dehors, nuit et silence… Il commençait à se faire tard. Tout à coup, surprenant un regard significatif entre le vieux et la tante, Tincoutza éclata en sanglots.

« À ce moment, la porte grinça sur ses gonds et les deux frères, sombres comme des exécuteurs, apparurent amenant un homme à la vue duquel je devins blême.