Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/282

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et les peuples se sont rués les uns contre les autres.

Il eut un geste saccadé, sa voix sonna le métal.

— Quoi ? (Il avait l’air de répondre à quelqu’un d’invisible) Quoi ? Deux, trois millions de morts… Penh ! j’ordonnerai à chaque femme allemande de donner à la patrie un enfant dans l’année, et la saignée sera effacée !

Sa figure se contracta, se durcit.

— Oui, oui, les mères… celles d’aujourd’hui ! Elles pleurent ; elles me maudissent. Bagatelle ! Je suis l’Élu du Vieux Grand Monsieur du Ciel !

Bigre de bigre ! quelle figure. Il grimaçait, une écume légère aux lèvres. Une surprise épouvantée blêmissait ses traits. On eût cru qu’il voyait des choses dans le vide…

— Qu’est-ce que c’est ? Morts, hachés par la mitraille, vous sortez des tombeaux. Vous étendez vers moi vos mains décharnées, vos bouches sans lèvres… Arrière… Obéissez… L’empereur commande.

Il se rejeta brusquement à droite, à gauche,