Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/44

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la rue où je suis réfugiée. Pourquoi ai-je regardé ? Pourquoi ai-je marché vers les voitures pleines de souffrance ? Est-ce que l’on sait jamais ?

Et j’ai vu un blessé, un tout jeune, comme étaient les miens. La fièvre lui faisait la figure toute rouge. Il regardait avec des yeux de délire. Il a fait un mouvement comme pour s’élancer vers moi, mais il est retombé avec un gémissement de douleur, et une plainte si douce, si triste, si enfantine :

— Maman !

Le mystère de Celui qui dirige tout était sur moi. On m’appelait maman, maintenant que je n’ai plus d’enfants ! J’ai compris, de suite j’ai compris, vois-tu. Il veut qu’auprès de ces jeunes qui souffrent, je remplace les mères absentes.

Je ne pleure plus ; je ne suis plus désespérée ; les tombes sont en arrière de moi ; je pénètre dans une seconde vie. Je serai infirmière, et tous les blessés de France seront mes enfants.

Loraine B…