Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/109

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Le brave garçon voulut travailler au bonheur de celle qui lui avait gentiment donné son cœur.

Il vint fonder une petite hacienda sur le territoire des Mayos. Ceux-ci lui firent d’abord grise mine, mais bientôt ces Peaux-Rouges graves furent conquis par la bonne humeur du troupier de France. Son courage, son adresse achevèrent l’entente, et un beau jour, le chef des tribus Mayos ayant rendu son âme au Grand-Esprit, les guerriers assemblés proclamèrent Cacique, en son lieu et place, l’ancien chasseur de Vincennes.

Nanti de ce « grade », Pariset agit auprès du gouvernement mexicain et obtint la reconnaissance officielle des droits de Juan Annina sur la presqu’île californienne, c’est-à-dire sur un territoire représentant la superficie de dix départements français.

En 1875, Pariset mourut, laissant sa veuve et son fils Jean, âgé de dix ans, à la tête d’une des plus grosses fortunes territoriales de la république mexicaine.

Jean grandit, alla faire ses études aux États-Unis. Là, dans une partie de chasse au milieu des Montagnes Rocheuses, il tomba aux mains de bad boys (bandits de la prairie) dont la spécialité était de détrousser les mineurs revenant des exploitations aurifères. Un groupe d’éclaireurs, formé par les soins de l’État pour lutter contre les brigands, troupe désignée sous le nom explicite de Claim’s Safety, délivra le prisonnier, lequel se lia, la reconnaissance l’ayant conduit à l’affection, avec le chef de ses libérateurs, Frey Jemkins… C’était en 1885, Jean atteignait sa vingtième année, Jemkins comptait vingt-sept ans. Tous deux braves, vigoureux, hardis, entreprenant, ils devaient, malgré l’énorme différence de leurs fortunes, devenir une paire d’amis.

Par la suite, quand Jean était appelé par ses affaires à San-Francisco, il descendait chez son ami Frey, et celui-ci venait passer ses vacances à l’hacienda de Agua Frida, tel était le nom de la résidence naguère fondée par Pariset.

Ainsi, Jean connut la jeune cousine de Jemkins, Lily, une adorable Anglo-Saxonne de dix-huit ans, rose comme l’aurore, blonde comme un rayon de soleil. Il demanda sa main, força les scrupules de Jemkins qui, vu sa pauvreté relative, se fit beaucoup prier… Et enfin, il épousa Lily, au mois de novembre 1889, au milieu d’un immense concours d’in-