Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/113

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— Celui qui viendra réclamer Linérès comme la fille de Lily Pariset, celui-là apportera ainsi la première preuve contre un bandit.

Tout à l’heure encore, le jeune homme avait dit :

— C’est lui. Je disparais.

Et le Chef de là Sûreté observait le personnage, remarquant le regard cruel des yeux gris, le je ne sais quoi de bestial déparant une physionomie qui pouvait passer pour belle.

Le mutisme de ses interlocuteurs parut amuser énormément le visiteur.

De nouveau la salle retentit de son rire sonore.

— Folie de Satan, s’exclama-t-il enfin, est-ce que vous me prenez pour un grizly (ours gris) des montagnes Rocheuses ? Ou bien vos langues sont-elles en paralysie ? Je demande Miss Linérès. Est-ce vous, jeune fille ?

Il avait fait un pas en avant plongeant son regard gris dans celui de Mlle de Armencita.

Celle-ci murmura :

— Je suis en effet Linérès.

— À la bonne heure donc, la fauvette a de la voix. Donnez votre main, mignonne, que je la secoue affectueusement.

Il prit la main de la jeune fille et la conservant dans les siennes.

— Très jolie en vérité, ma petite cousine. Il est impossible qu’une si gracieuse enfant ne rende pas la raison à ma pauvre Lily.

— Lily ? répéta la jeune fille d’un ton interrogatif.

— Oui, Lily, la maman du baby que je cherche, et qui, si c’est vous, est devenu un bien charmant baby en courant le monde.

Une rougeur monta aux joues de Linérès ; ses paupières palpitèrent.

— Maman ! redit-elle d’un accent impossible à rendre.

Mais M. Lerenaud s’interposa :

— Monsieur, prononça-t-il lentement, désolé de troubler vos effusions.

— Vous ne troublez pas, riposta Jemkins.

— Pardon, je suis obligé de troubler, car je regrette que pareille chose coïncide avec votre arrivée, mais cette maison a été bouleversée par un crime…

Le visage du visiteur exprima l’étonnement.

— Un crime, vous dites ?

— oui, un homme a été assassiné.