Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Allan répéta ces mots d’un air surpris. Il insista :

— Tu es certain ?

— Dans le salon des Premières, il a réglé les opérations de la journée, en présence du gentilhomme français et de la jolie young lady.

— Ah ! vraiment !

— Et en ma présence aussi, continua ironiquement le boy. Seulement, moi, il ne me soupçonnait pas si près de la porte entr’ouverte.

Un silence suivit.

Tril regardait son interlocuteur. Mais sur sa physionomie railleuse à l’ordinaire, aucune ironie n’apparaissait en cet instant.

Enfin, le visage contracté d’Allan se détendit, s’éclaira :

— Après tout, pourquoi pas ? murmura-t-il entre haut et bas. Les choses les plus simples sont celles qui portent le plus.

Il appuya ses mains sur les épaules du gamin attentif.

— Écoute, Tril. Nous jouons un coup difficile. Le succès dépend surtout de l’intelligence que tu mettras à exécuter mes instructions.

— Bon, alors… vous avez partie gagnée, Roi.

Allan tressaillit à ce dernier mot. Vivement, il grommela :

— Pas ce titre Ici… Jamais, entends-tu, dans un endroit public.

Soumis, le gamin courba la tête sous la mercuriale.

— En ton absence, j’ai fait entrer Top et Fall au Sénat. Ils sont boys de la Salle des Séances[1].

— Bien.

— Va les trouver. Que d’ici à une heure, tous deux se promènent dans les jardins de l’Exécutif (Executive-grounds)… Je les y rencontrerai et leur donnerai mes ordres.

— Et moi, votre fidèle Tril, ne m’emploierez-vous pas aujourd’hui ?

La voix du gamin s’était faite suppliante pour formuler cette requête.

Allan fut touché de l’ardeur de dévouement que manifestait le petit.

— Si, si, mon cher enfant… Ta commission faite,

  1. Au Sénat de Washington, des boys font le service des rafraîchissements dans la salle même des séances.