Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/176

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Elle a un geste satisfait :

— Qui ?

— Le vieillard placé dans la tribune auprès de moi. Puisque vous avez entendu, vous avez pu le voir.

— Ce bonhomme ridé… Mais ce n’était pas celui que je pensais alors. Le professeur est plus grand, plus…

— C’était lui cependant.

Maintenant l’homme à face jaune rit, enchanté d’avoir à apprendre quelque chose à celle qui l’interroge.

— Lui… Tu te trompes, Saki. Il est impossible qu’une créature se métamorphose à ce point.

— Je ne me trompe pas. Je l’ai suivi jusqu’au bureau du rez-de-chaussée, où il a repris sa forme naturelle.

— Étrange ! Il faudra savoir son procédé… Mais ceci à plus tard. À présent ?

— Il va rejoindre les jeunes filles à la palmeraie.

— Bien, je me charge d’elles. Tu es libre… Seulement que l’on ne perde pas de vue l’hôtel de New-Villard…

— Qu’habite le professeur ?

— Oui, va. Je suis contente de toi. Tu es un fils aimé du Japon !

On croirait que l’espion va se prosterner, tant sa face exprime de joie à ces simples paroles, tant il s’incline devant la jeune femme.

Mais il se redresse et s’élance d’un pas élastique dans les méandres du parc.

Rouge-Fleur est demeurée à la même place.

— Elles retourneront à Kendall-Green, cela est certain ; mais l’attaque d’aujourd’hui indique que le temps presse… Il faut que, ce soir même, j’aie les atouts en main.

Et avec un sourire :

— Oh ! bonne mère Marahi, comme tu m’as bien renseignée ! Rouge-Fleur se souviendra de la femme rouge qui aura assuré le triomphe des fils d’Asie.

Et elle reprit sa promenade, gracieuse, insouciante comme si rien ne la préoccupait, s’amusant des regards que lui décochaient les gentlemen croisant sa route, lesquels, intéressés par son type et son allure exotiques, se retournaient sur son passage.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cependant Allan gagnait la palmeraie, dont les jardiniers du Capitole sont justement fiers.