Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ne riez pas. Vous pensez : Frey Jemkins avait fait disparaître les bandes, en les réunissant en une seule dont il prit le commandement.

— Et en nous disant, prononça Jetty : « Mes braves, vous volez ainsi que des enfants. Cela ne saurait vous conduire à rien, sauf à l’électrocution, ce qui n’est pas un but pour l’homme sensé. Le désir d’un véritable pêcheur dans la fortune des autres doit être de s’enrichir et de voler, comme le reste, la considération de ses concitoyens. »

Frey approuva du geste.

— Bien. Vous m’avez aidé à me débarrasser de Pariset et de sa fille ; moi je vous ai donné ce que j’avais promis.

— Personne de nous n’a jamais exprimé le contraire.

— Eh bien ! garçons, je vous ai préparé une surprise pour le coup final. Voilà pourquoi je vous ai réunis cette nuit.

Tous répondirent avec ensemble :

— Ordonnez, Crâne.

— Vous êtes tous au courant des violents incidents anti-japonais dont l’état de San-Francisco a été le théâtre.

— Il faudrait être sourd et aveugle pour les ignorer, grommela Jetty. Les écoles interdites aux Japonais, leurs boutiques pillées, leurs émigrants renvoyés.

— C’est cela même. L’exaspération dans les deux pays grandit toujours, en dépit des précautions des gouvernements.

— Bon, c’est la guerre dans un avenir plus ou moins prochain.

— Savez-vous ce qui recule cette échéance belliqueuse ?

— Ma foi non.

— Eh bien, je vais vous l’apprendre ! Car aussi bien, c’est la base même de l’opération fructueuse qui nous occupe.

À ces derniers mots, un frémissement secoua les assistants.

Il les tint un instant sous son regard. Après quoi, il continua d’un ton dogmatique :

— Les populations japonaises et américaines ont conscience qu’une guerre leur coûtera fort cher, et que chacune est dans l’impossibilité de remporter des avantages décisifs. En effet, des milliers de lieues séparent les deux pays. Comment assurer, à pareille