Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/263

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Absolument ! Nous discutons une affaire. Vous y jouez votre fortune… et, ajouta-t-elle cruellement, votre tête en même temps. Il serait donc déplacé de ne point entendre ce que vous pensez.

Jemkins ne put dissimuler une grimace. Si inattaquable qu’il se crût, il n’aimait pas que l’on parlât légèrement de sa tête. Toutefois il réprima ce mouvement de mauvaise humeur, et avec tout le flegme dont il fut susceptible, il articula :

— La combinaison est parfaite. Son utilité seule m’apparaît contestable. Pourquoi ce long voyage au Mexique, voyage qui, à tout le moins, constitue une perte de temps ?

— Pourquoi ? Parce que notre police est mieux faite que la vôtre.

— La réponse reste obscure.

— Je vais l’éclairer, cher sénateur. En échange de votre raisonnable acquiescement à notre plan, nous vous apportons le moyen de réduire à l’impuissance l’ennemi qui s’est manifesté hier au Sénat.

— Vous le connaissez ?

Ce fut un rugissement, Jemkins s’était levé. Il regardait avidement son interlocutrice, les mains tendues en avant comme pour broyer l’adversaire inconnu.

Elle sourit, le contraignit du geste à se rasseoir, puis dans un murmure :

— Ah ! Ah ! ceci vous intéresse. Laissez-moi vous donner de plus amples renseignements. Aux États-Unis, celui dont je parle a des appuis si grands, que l’on ne saurait songer même à le faire disparaître. Sa mort serait considérée comme la confirmation de ce qu’il a allégué contre vous. Sa mort serait le signal d’un procès retentissant, où sombreraient et votre richesse et votre honorabilité si habilement captées.

Au front du milliardaire perlèrent des gouttes de sueur.

— Mais son nom, son nom ? balbutia-t-il avec effort.

La jolie Chinoise n’était point accessible à la pitié sans doute ; car la détresse de son interlocuteur lui fit simplement hausser les épaules.

— Je vous croyais plus fort, sénateur. Je vous ai annoncé le remède efficace, ce n’est donc pas le moment de succomber à la maladie.

— C’est vrai, reconnut-il avec confusion ; mais si vous saviez ce que mon imagination a travaillé depuis hier… à vide ; car maintenant encore, je ne me doute pas de quel côté est venu le coup.