Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/294

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— De votre présence ?…

Frey, la comtesse, Tom, Jetty, s’entre-regardent avec stupéfaction. Le marquis gronde :

— Je n’aime pas que l’on se moque de moi.

— Mais, mon cher Pierre, personne n’y songe, riposte rondement le milliardaire. Où prenez-vous que l’on se moque ?…

Le Parisien demeure muet, se demandant s’il ne rêve pas.

— Voyons, expliquez-vous, reprend Jemkins. Vous paraissez furieux, mécontent. Dites-nous ce qui a pu vous choquer.

— C’est d’être à bord de ce navire.

— Comment ? D’être à bord… Vous étiez enchanté d’y venir.

— J’étais enchanté, moi ?

— Sans doute ! Voyons, rappelez-vous, mon cher enfant…

Alors, le milliardaire se fait paterne, il parle doucement :

— Voyons, voyons… Vous êtes mal éveillé, mon cher Pierre. Il faut que j’aide votre mémoire… J’ai eu tort peut-être de vous faire lever au milieu de la nuit.

— Vous m’avez fait lever ?

— N’en accusez que mon désir de vous réunir le plus tôt à notre charmante Linérès. Un bateau en partance pour la côte mexicaine… Voyage rapide… hésiter eût été s’exposer à attendre un mois le prochain service.

— Pourquoi ne pas m’en avoir parlé durant la soirée ?

— Je l’ignorais… C’est au hasard d’une conversation avec un administrateur de la Compagnie que j’ai su… Je vous ai cherché aussitôt. Vous vous étiez retiré dans votre chambre. J’y suis monté bravement. Vous dormiez à poings fermés. Je vous ai secoué, tiré, houspillé, pour vous communiquer la nouvelle. Vous fûtes de mon avis.

Du coup, le marquis se prit le front à deux mains.

— Je ne me souviens de rien de tout cela.

— Par ma foi, si je m’attendais à cela ! reprit Jemkins. Vous sembliez enchanté… Vous vous êtes habillé avec une rapidité telle que vous fûtes prêt avant tout le monde. Vous ne nous donniez pas le temps de nous vêtir, de rassembler nos bagages.

— Et, nous avons embarqué.

— À l’embarcadère du canal, naturellement.