Le garçonnet, lui, apparaissait vêtu d’un veston, d’un pantalon court serré dans ses jambières, et d’une casquette de voyage, dont l’ensemble donnait l’impression mixte d’un costume civil et d’une livrée.
— Tu as entendu, Tril ? murmura l’élégant.
— Oui, roi.
L’homme toussa vivement, puis, avec sévérité :
— Pas ce mot, malheureux ! À quoi bon me déguiser, me rendre méconnaissable, si ta langue me trahit ?
— Je vous demande pardon, je me souviendrai à l’avenir que vous êtes…
— Honorable Grey Assford, historiographe de l’Alabama, membre correspondant de diverses académies, et rien d’autre…
— Je n’oublierai plus, master Honorable Grey Assford.
— Mais je répète, tu as entendu le récit du crime. Kan-So a échappé à notre surveillance. À présent, comment le joindre ?
Tril répondit par une exclamation joyeuse :
— Voici Suzan… Elle est contente… Bien sûr, il y a du nouveau.
La mignonne fillette se montrait en effet, à vingt pas des causeurs.
Elle allait devant elle, faisant claquer les sabots qui la chaussaient et complétaient un costume de jeune campagnarde.
Parvenue à hauteur des causeurs, elle passa sans paraître les reconnaître en chuchotant ce seul mot :
— Venez !
Eux se mirent en mouvement dans ses traces. Ils affectaient l’air indifférent, en circulant à travers les groupes occupés à discuter l’affaire des barres d’or.
Mais les groupes s’espacèrent peu à peu… les maisons se succédèrent à des intervalles de plus en plus grands. Les trois personnages sortaient de Jersey-Shore.
Maintenant, ils déambulaient sur la route, bordée de champs cultivés, de pépinières, de prairies.
Ainsi on atteignit la ligne du chemin de fer.
À deux ou trois cents mètres de là, les promeneurs, traversant la voie, distinguèrent les équipes de travailleurs occupés à la réfection de la plate-forme ; mais cette vision fut aussitôt masquée par un rideau d’arbres.
Ils venaient de pénétrer dans les bois de Lincolt.
Sans doute, Suzan avait décidé qu’elle ne s’arrête-