Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/307

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rait qu’à l’abri de la forêt, car elle fit halte au pied d’un frêne centenaire, et se laissant rattraper par Jud et le boy Tril, elle les salua cérémonieusement de ces paroles :

— Je suis l’humble servante de l’honorable Grey Assford et de son jeune secrétaire James.

— Kan-So ? murmura Allan.

— Retrouvé… et gardé par les lads d’Ottawa, que Top et Fall n’ont pu mener qu’après le crime, vu la distance à parcourir.

Jud s’était approché, il avait posé les mains sur les épaules de la mignonne, et ses regards plongeaient dans ceux de la gentille messagère.

— Des détails ? prononça-t-il.

— Volontiers ! C’est à mon brave dogue que revient l’honneur d’avoir éventé la piste. Nous, nous n’avons eu qu’à la lire.

Et lentement, en personne qui veut être bien comprise, elle expliqua :

— Kan-So, en arrivant, s’est abouché avec deux tueurs de campagne (bandits opérant contre les fermes et les habitations isolées), récemment évadés des mines de l’Oklahoma. Strig et Clock sont leurs noms.

— Je les note, grommela Tril, jetant une inscription rapide sur son calepin.

— Grâce à ces forçats en rupture de ban, il réunit, en seize heures, une bande de dix-huit malandrins. Ils devaient s’échelonner sur la voie, s’emparer des barres d’or à mesure qu’elles y seraient précipitées, et les porter à un endroit déterminé de ce bois de Lincolt, où une charrette stationnerait et recevrait le produit du vol : chacun a reçu pour cela mille dollars. À ce prix, ils n’ont demandé ni le nom de qui les employait ni la valeur réelle des lingots enveloppés, selon l’usage, dans des étuis de forte toile.

« Kan-So, Strig et Clock se réservèrent d’opérer dans le train.

« Tout se passe comme il était convenu. Au rendez-vous fixé, les trois chefs de l’expédition trouvèrent la charrette chargée des dix-sept barres d’or. Ils soldèrent les services de leurs acolytes, lesquels se dispersèrent dans toutes les directions.

— Mais ce camion lourdement chargé, comment personne ne l’a-t-il rencontré ?

— Les inspecteurs de police eux-mêmes l’ont rencontré et ne lui ont accordé aucune attention, par la raison toute simple qu’au moment où cela se pro-