Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/342

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Parcourir le Grand Tronc est un voyage moins terrifiant qu’il n’apparaît aux voyageurs européens. Les wagons spacieux, où les couchettes de nuit se transforment de jour en moelleux fauteuils, le restaurant roulant, la bibliothèque, les lavabos confortables, les coiffeurs attachés au convoi, donnent au touriste l’impression de vivre dans un hôtel qui marche, voilà tout.

La correspondance avec l’extérieur est assurée. Les lettres déposées dans des sacs ad hoc, sont remises aux gares d’arrêt, et de son compartiment le traveller peut télégraphier où bon lui semble.

Les compagnies américaines ont, en effet, adopté récemment l’appareil d’un inventeur français qui permet d’utiliser les rails pour la transmission des communications électriques.

Jud Allan dans un pulmann, où avaient également pris place Tril, Suzan et le zaïmziri, roulèrent durant six jours, lurent, prirent leurs repas, dormirent, reçurent diverses dépêches chiffrées, tant de Top et de Fall emportés à quelques heures d’intervalle par le même train que Van Reek, que des lads de San-Francisco, mettant Tril au courant de leurs recherches.

Et le train filait, passant d’un État dans un autre, traversant des plaines fertiles, des collines boisées, franchissant des rivières larges comme des fleuves, des fleuves imposants comme des bras de mer.

La limite de l’État de Californie était marquée par l’écran dentelé des Montagnes Rocheuses barrant l’horizon oriental. La voie se déroulait en des sites grandioses, côtoyait des ravins sauvages, sautait sur des passerelles métalliques des abîmes à l’apparence chaotique. Puis, les hautes cimes étaient dépassées. Les riches vignobles californiens se développaient à perte de vue.

La végétation devenait étrange, mêlant les flores des zones tempérées et torride. Enfin, la ligne ferrée touchait Oakland, faubourg de la cité californienne, situé sur la rive ouest de la baie de San-Francisco.

Jud Allan et ses compagnons durent traverser la baie en ferry-boat.

Une heure après, ils débarquaient dans l’agglomération bruyante de San-Francisco à l’Union Ferry Depot.

Et comme ils se tenaient sur le quai, bousculés par les voyageurs, étourdis par les hurlements des