Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/356

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peut en avant de la locomotive. Il a un cri de joie.

Une rampe raide escalade le remblai. Sans doute, cet accès a été aménagé pour le personnel d’inspection de la voie. Il la gravit, haletant. Du sommet, il domine de huit ou dix mètres le train immobile au fond de la tranchée.

Autour de lui, des buissons épais, quelques arbres clairsemés.

— Parfait ! ricane-t-il avec son accent trivial, c’est l’observatoire rêvé.

Un grondement lointain arrive jusqu’à lui.

— Le spécial de dame police, dit-il… Voilà des gens qui ne s’attendent pas à la surprise que je leur ai ménagée…

Et un rire silencieux contracte son visage.

Le bruit grandit. On distingue maintenant le halètement de la machine, le froufrou gémissant des bielles, le cliquetis des chaînes d’attelage.

Et tout à coup, à un coude tout proche, la voie s’éclaire, les rails polis par le frottement reflètent en lignes brillantes les fanaux encore invisibles.

— Les fanaux ! Le Belge n’a pu retenir ce cri, une subite terreur de ce qui va se produire faisant vaciller son cynisme.

Le train arrive à toute vapeur, la machine auréolée par le rougeoiement du foyer. Les agents aperçoivent l’obstacle qui barre la route.

Il y a des cris, des appels ; ils vibrent encore dans l’air, quand un fracas épouvantable les couvre les absorbe. La faible distance a été parcourue en une seconde… le choc eu lieu, terrible, indescriptible. Le train spécial de Jud, celui que vient de quitter Van Reek ne forment plus qu’un monceau de ruines.

C’est un tintamarre de cataclysme, des craquements de bois, cliquetis de vitres brisées, éclatements de métal, explosions, jets de vapeur.

Et comme Van Reek, rendu stupide par l’horreur de la catastrophe qu’il a préparée, regarde, les buissons qui l’entourent vomissent des ombres qui bondissent vers la tranchée avec une inconcevable agilité.

— Des Indiens sauvages ! balbutie le Belge, terrifié.

Il veut se Jeter à terre, pour échapper aux yeux des terribles ennemis que la nuit jette sur son chemin. Il n’en a pas le loisir. L’une des ombres est déjà sur lui. Un coup violent lui brise le crâne et l’Indien court rejoindre ses compagnons, sans s’inquiéter davantage du bandit qui râle, expirant auprès de la