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valise où sont enfermés les diamants du Consortium des joailliers d’Amsterdam.

CHAPITRE IX

LE SORCIER EL DIEBLO


— Votre existence, mon honneur sont en jeu, Linérès.

— Mais pourquoi ? pourquoi ?

— Je ne le sais pas. Allan m’a dit ces seules paroles. D’où vient ma confiance en cet homme que j’ai rencontré trois fois. Mystère de l’âme… mais je crois à ce qu’il a affirmé.

Le marquis et la jeune fille se tenaient le long d’une haie épaisse de plantes épineuses : cactus figurant des colonnes cannelées, pisahayas ou cierges barbelés de pointes, agavés, véritables hérissons du règne végétal, organos, arbustes aux branches verticales accolées ainsi que des tuyaux d’orgue.

Devant cette muraille d’un vert grisâtre, dont la cime s’élevait à plus de quatre mètres, les fiancés s’étaient immobilisés.

— Oh ! gronda Pierre avec une rage soudaine. Comprendre, comprendre enfin quelle fatalité s’acharne contre nous !

Sept semaines se sont écoulées depuis leur départ de Washington. Linérès s’était endormie un soir dans sa chambre de la maison Jemkins. Elle avait rouvert les yeux dans la cabine d’un steam yacht en pleine mer.

Le marquis de Chazelet contait une aventure toute semblable.

Mais vainement les fiancés avaient mis en commun leurs souvenirs, le mot de l’énigme n’était point apparu à leur esprit.

Sur le yacht, qui l’emportait Linérès avait rencontré trois passagères. Cette autre Lilian entrevue par tous deux au sénat, revue par le marquis dans la chambre de sa fiancée. Seulement, Lilian n’était plus la jeune fille aux clairs regards, à l’attitude courageuse ; elle semblait hébétée, plongée dans un invincible engourdissement du vouloir et de la pensée.

Auprès d’elle s’empressait, le premier jour de la traversée, une gentille et pétulante Américaine, répondant au nom de Grace Paterson, elle aussi élève à l’institution Deffling… et, chose incroyable,