Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/358

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elle contait que son amie et elle-même avaient été enlevées nuitamment par des chloroformistes.

Linérès avait remarqué certaines hésitations dans ses réponses… Au soir, elle était rentrée dans sa cabine, se promettant de reprendre l’entretien le lendemain.

Hélas ! le lendemain, Grace Paterson, lui apparaissait stupéfiée, incompréhensive, annihilée à l’égal de sa compagne Lilian.

Cela dura pendant toute la traversée. Linérès n’avait d’autre ressource que la conversation avec une jeune et charmante Chinoise, qui semblait bien étrangère à toutes ces aventures. Rouge-Fleur était son nom.

On signala les phares du mouillage de la Vera-Cruz, sur la côte mexicaine de la mer des Antilles.

Ici, une lacune dans les souvenirs de la jeune fille.

Ceux qui l’entraînent ont-ils voulu qu’elle dorme, qu’elle n’ait pas conscience de débarquer ? Le certain c’est qu’elle ne se rappelle pas avoir quitté le steamer.

Cependant, elle revient à elle dans un train qui la transporte sur la côte du Pacifique par la voie de la Vera-Cruz à San-Blas.

Là, une chaloupe à vapeur la reçoit, ainsi que ses compagnes, toujours plongées dans une sorte d’hébétude.

Mais la Chinoise Rouge-Fleur aussi se trouve là. Elle semble commander à l’équipage. Et cet équipage se compose d’hommes petits, trapus, à la large face safranée. Ce sont des Japonais.

Pourquoi cette escorte japonaise ? Ainsi, on est arrivé au milieu des plantations de l’hacienda de Agua Frida.

Alors les passagères ont été séparées.

Lilian Allan et Grace Paterson ont été enfermées dans une habitation perdue au milieu d’un jardin touffu, où les araucarias mêlent leurs branches résineuses aux panaches des cocotiers.

Linérès, conduite au milieu du vaste parc d’agrément, est libre, elle. Bientôt Frey Jemkins et Chazelet l’y rejoignent.

Son… cousin… Elle hésite à présent à le désigner ainsi ; car un doute affreux l’a pénétrée… Son cousin donc lui a affirmé que le voyage n’avait pour but que de dépister un ennemi acharné et de hâter son mariage. Mais l’épouvante du doute s’est appesantie sur les fiancés.