Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/398

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Rouge-Fleur ouvrit la barrière et la laissa retomber derrière elle.

Mais à peine avait-elle fait dix pas dans l’allée intérieure, qu’elle fit halte, avec une exclamation inquiète. Une forme humaine venait de jaillir des fourrés et se tenait au milieu du chemin.

— Prenez garde, commença-t-elle, je porte un revolver…

Mais la menace ne s’acheva pas.

— Rouge-Fleur n’a pas besoin d’armes pour converser avec Marahi, son amie.

— Marahi… quoi ?… Est-ce-vous, bonne mère ?

— Je viens parce que le danger est sur toi, chère Rouge-Fleur.

Marahi arrêta les questions annoncées par l’attitude de son interlocutrice.

— Pas en ce lieu, ma jolie, non. Tu viens de constater que les buissons cachent ceux qui désirent n’être point aperçus.

La Chinoise se laissa entraîner vers la barrière blanche.

Avec l’Indienne, elle sortit de l’enclos, se trouva dans l’espace découvert précédant la haie de plantes épineuses. Enfin, Marahi s’arrêta.

— Ici, murmura l’Indienne, nous n’aurons à craindre aucune oreille indiscrète.

Puis, lentement :

— Jeune fille des pays lointains d’au delà le Pacifique, sais-tu que, ce soir même, la comtesse de Armencita a été chassée d’Agua Frida ? Elle a eu la langue trop fringante aujourd’hui. Frey Jemkins l’a confiée à des peones qui la devaient conduire par delà la mer Vermeille.

— Je le sais.

— Oui, oui, je le pensais. Écoute. Le Crâne ne pouvait te cacher cela ; mais il ne t’a point appris ce qu’il ignore. La vieille complice de Frey a été enlevée à son escorte.

— Enlevée ?

— À présent, au triple galop, un cheval l’emporte vers la frontière des États-Unis.

— Pourquoi, mais pourquoi ?

— Pour qu’elle remette elle-même, aux mains des magistrats chargés de la justice, l’aveu écrit des manœuvres par lesquelles l’innocente Linérès fut substituée à l’innocente Lilian… une enfant enlevée à une famille de pêcheurs, ces pêcheurs jetés en pâture