son costume d’autrefois. C’est une révérence de menuet qui précède sa lecture.
Mais il a saisi l’acte déposé sur la table devant lui, et, avec cette prestesse commune à tous les notaires du monde, il bredouille les formules baroques et compliquées dont la señorita Lilian Pariset, dite…
Il s’interrompt pour prononcer de sa voix naturelle :
— Suivant le désir exprimé, nous avons réservé ici un blanc, à remplir conformément à l’acte de reconnaissance de l’héritière qui nous sera remis dans un instant.
Puis il recommence son bredouillis indistinct :
— Né en France, Paris… et la señorita… issue de Pariset et de Lily Jemkins… le premier défunt ainsi qu’il appert… La veuve présente…
Son organe bourdonne pendant quelques minutes. Et le silence se fait.
Vedinaos a lu le contrat. Le cœur de Chazelet frappe les parois de sa poitrine à coups redoublés. La lutte va commencer. Qu’en sortira-t-il ?
Il coule un regard vers la fiancée. Celle-ci est immobile, comme absente.
Et Pierre retient avec peine une exclamation, lorsque don Porfirio Raëz, s’adressant à Jemkins, lui jette cette question convenue :
— Señor Jemkins, vous certifiez que la señorita ici présente est bien l’enfant disparue, l’enfant arrachée autrefois à la tendresse de sa mère ?
Le milliardaire riposte aussitôt :
— Je le certifie, m’en référant d’ailleurs au dossier que j’ai eu l’honneur de soumettre à l’illustre délégué, plénipotentiaire du gouvernement mexicain.
— C’est évident ! C’est évident ! grommellent à mi-voix les lieutenants de l’herculéen bandit.
Porfirio se tourne vers la veuve Pariset.
— Et vous, señora, reconnaissez-vous votre fille Lilian en cette jeune personne ?
Un court silence pèse sur l’assemblée. Enfin, l’interpellée laisse tomber ces paroles :
— Je ne sais pas.
Un murmure s’élève menaçant. Elle reprend doucement :
— J’ai tant souffert, tant pleuré, excusez-moi. Le vrai ne m’apparaît pas vraisemblable. Mais l’avis de tous doit prévaloir… L’erreur est évidemment en moi. Que cette enfant signe, et je presserai dans mes bras