Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/419

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celle que vous me désignez tous, et je l’appellerai : ma fille.

La voix de la veuve tremble, et cependant ses yeux rayonnent.

Que se passe-t-il donc au fond de sa pensée ? Quelle espérance luit en son regard ? Mais don Porfirio Raëz clame :

— Maître Vedinaos, veuillez procéder à la signature du contrat. Voici le décret de reconnaissance, sur lequel vous voudrez bien reporter le nom laissé en blanc jusqu’à cet instant.

Il tend la feuille au métis, qui s’en saisit avec respect.

Puis poussant devant la fiancée, dont l’impassibilité continue stupéfie le marquis de Chazelet, le contrat dont il a donné lecture, il lui indique du doigt la place où elle doit signer.

— Ici, señorita. Veuillez apposer la signature qui vous fut habituelle jusqu’à ce jour. La mention, incluse au corps de l’acte : Lilian Pariset, dite… une telle, acquerra ainsi toute valeur légale.

Que va faire l’inconnue ? Pierre se penche en avant pour la mieux observer.

Surprise ! Elle prend sans hésitation la plume chargée d’encre et trace sur la feuille une signature décidée.

Le notaire s’est tourné vers lui :

— Avant de vous demander votre paraphe, señor, je vous serai obligé de me permettre de remplir les blancs de l’acte et du décret.

— Faites donc, je vous en prie, balbutie le jeune homme que la tranquillité de la scène plonge dans un état voisin de l’ahurissement.

Tout à coup, le notaire se rejette en arrière avec un cri affolé :

— Qu’est-ce que cela ?

Jemkins, Porfirio Raëz, El Dieblo se dressent, comme mus par un ressort. Rouge-Fleur et Marahi ont un rire silencieux.

Quant à Mme  Pariset, elle demeure immobile, les mains jointes, les lèvres agitées d’un frémissement continu. La veuve prie.

Le métis agite les bras, porte les mains à son col comme s’il étouffait. Enfin, il tend la main vers le contrat et parvient à articuler :

— Là ! Là !

— Mais quoi, enfin ? Ne pouvez-vous parler clairement ?